

Baudelu (Arbonne-la-Forêt)
Au 13ème siècle, les Templiers fondaient à Arbonne une commanderie : la maison de Baudelu, avec sa chapelle dédiée à Saint Blaise. Récupérée par les Hospitaliers au début du 14ème s. suite à la condamnation des Templiers, Baudelu tomba rapidement en désuétude. On ne connaît en effet que deux commandeurs hospitaliers, le fr. Jacques de Cerisiers, en 1353, et le fr. Pierre de Braye, en 1380. Ils s’en désintéressèrent peu à peu et rattachèrent la commanderie à la maison du Saussay, près de Ballancourt dans l’Essonne.
L’Enquête Episcopale diligentée dans le diocèse de Sens en 1373 témoigne de cette désaffection de l’Ordre de l’Hôpital, de ce désengagement vis-à-vis des petites commanderies qui coûteraient plus à réparer ou simplement entretenir qu’elles ne peuvent rapporter. Les délégués, qui visitent en détail chaque commanderie importante, ne consacrent que quelques lignes à Baudelu :
Item, quod ad dictam domum spectat et pertinet domus seu granchia de Baudeluz, admodiata quolibet anno fratri Guidoni de Sancto Laurentio, presbitero, etatis quadraginta annorum vel circiter, ut dicebant, 28 fl. Florencie, valentes : 25 fl. auri et 4 s.t.
Item, cette commanderie (il s’agit de Chalou-la-Reine, aujourd’hui Chalou-Moulineux) possède et gère la commanderie ou grange de Baudelu, donnée à bail annuel au Fr. Guy de Saint-Laurent, prêtre, la quarantaine environ. Ils ont déclaré 28 florins de Florence, soit 25 florins d’or et 4 sols tournois.
Au début du 17ème s., la maison de Baudelu passait entre les mains du Grand Maître des Eaux-et-Forêts de France, Henri Clausse, seigneur de Fleury-en-Bierre, moyennant 200 l. tournois et des messes dans la chapelle, puis à la famille d’Argouges.
Les chevaliers possédaient des terres dans les villages des environs : Milly, Courances, Saint-Germain-sur-Ecole, ainsi qu’un moulin sur la rivière d’Ecole qui sépare à cet endroit la commune de Moigny et celle de Courances. Ce moulin, appelé Moulin de Grenat, était un moulin fortifié au niveau duquel un gué permettait le passage. Ce moulin existe toujours, très remanié, naturellement, mais sous une dénomination que les Anciens ne renieraient pas : Le Moulin Grenat. Le premier moulin fut détruit en 1481 mais, comme c’est le plus souvent le cas, on l’a sans doute reconstruit en respectant le plan ancien. On reconnaît aujourd’hui, en effet, à la vue aérienne, les deux bâtiments en équerre qui apparaissaient sur le plan cadastral. (voir notice sur Courances)
Aujourd’hui, les ruines de la commanderie se trouvent à la limite de la Réserve Biologique Dirigée de Baudelut (sic) créée en 1983, centrée d’une manière générale sur la biosphère et en particulier sur la préservation des junipéraies ou landes à genévriers. Il faut prendre les petites routes de forêt (la route de Courances, précisément) puis s’engager à pied dans un taillis dense et quelque peu marécageux pour mériter enfin de voir les quelques vieux murs qui subsistent de l’ancienne commanderie parmi d’autres qui lui sont bien postérieurs. On peut entendre de là le bruit de l’A6 proche.
Découverte en 1880, la Vierge de la commanderie, très gracieux exemple de la statuaire religieuse du 14ème s., est aujourd’hui conservée dans la chapelle du château de Courances (voir notice) dont les propriétaires sont aujourd’hui encore possesseurs de Baudelu. Si nous n’avons pas trouvé dans les archives de lien direct entre la famille de Courances et les Templiers ou les Hospitaliers, ils se rejoignaient cependant dans un idéal commun aux chevaliers du Moyen Age : la croisade. Eustache de Courances trouva la mort à la bataille de Mansourah, en novembre 1251. La petite Vierge de Baudelu est entre de bonnes mains.
Arbonne-la-Forêt fait partie aujourd’hui de la Communauté de Communes de la Brie des Templiers.
Les Templiers de Baudelu
Le dernier précepteur templier de Baudelu s’appelait Jean de Cormeilles. On sait par les minutes du Procès qu’il a assisté à la réception dans l’Ordre d’un jeune de sa famille ou de son lieu d’origine, Lambert de Cormeilles. La cérémonie se passait dans la chapelle de la commanderie du Saussay. C’est le précepteur d’Etampes, Arnulphe de Champcueil, qui officiait. Deux autres Frères, dont le fr. charpentier, étaient présents. On sait aussi qu’à cette époque, Baudelu avait son propre chapelain.