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Michel Hardy

Députation des villes du Périgord pour le procès des Templiers

Bulletin de la société historique et archéologique du Périgord, 1892.

Le 13 octobre 1307, Jacques de Molay et soixante chevaliers du Temple, venus à Paris sur l'injonction du pape Clément V et pour répondre aux accusations graves portées contre leur ordre, étaient appréhendés au corps et jetés en prison ; et, comme l'affaire avait été préparée de longue main, leurs coreligionnaires étaient, le même jour et par toute la France, arrêtés par les agents du roi.

En même temps, on lisait au peuple une proclamation pour justifier cette mesure. Le pape, y était-il dit, a été consulté ; le roi a délibéré avec ses prélats et avec ses barons ; il cède maintenant aux supplications de l'inquisiteur de l'hérésie, Frère Guillaume de Paris qui, spontanément, a invoqué le secours du bras séculier. On sait les phases de ce lamentable procès. D'un caractère faible et irrésolu, le pape accéda tout d'abord aux volontés de Philippe le Bel et loua même, dans une bulle adressée à tous les rois de l'Europe (novembre 1307), son zèle à défendre les intérêts de l'Eglise. Plus tard, épouvanté des rigueurs commises par les tribunaux de l'Inquisition, il condamna les inquisiteurs et les prélats qui les avaient assistés, et évoqua devant lui toute la cause. C'était au commencement de l'année 1308. Sans perdre un moment, Philippe le Bel en appela au peuple et convoqua les États du royaume qui, dans le même mois (mai 1308), s'assemblèrent à Tours (1), puis à Poitiers.

Un document que nous avons retrouvé dans les archives municipales de Périgueux et que nous publions plus loin, signale la présence de plusieurs députés du Périgord à ces États généraux, qui eurent pour effet d'effrayer le pusillanime Clément V. Dans l'entrevue de Poitiers, il fut décidé que les Templiers placés jusque-là sous la main du roi de France seraient remis au pape, lequel en restituerait aussitôt la garde aux officiers royaux. Quant aux crimes d'hérésie, on en distingua deux sortes : ceux de l'ordre lui-même et ceux particuliers à chacun de ses membres. Un concile général ayant seul autorité pour se prononcer sur le sort de l'ordre, le pape convoqua ce concile dans la ville de Vienne pour le mois d'octobre 1310 (2).

Le procès contre les personnes devait être repris dans l'intervalle et le pape en chargea les évêques et les inquisiteurs (3), se réservant à lui-même le jugement du grand maître et des hauts dignitaires.

Après de longs retards occasionnés surtout par les hésitations de Clément V, le concile de Vienne s'était enfin ouvert le 12 octobre 1311, mais ne répondit pas tout d'abord aux desseins de Philippe le Bel et de l'instigateur de toutes ses intrigues, Guillaume de Nogaret. La majorité des pères se montrait en effet ouvertement opposée à la condamnation des Templiers, en faveur desquels un revirement s'était fait d'ailleurs depuis plusieurs mois dans l'opinion publique. Un incident vint accroître les difficultés. Sept chevaliers s'étaient inopinément présentés dans Vienne demandant à être entendus pour la défense de l'ordre. Le pape s'empressa de les faire mettre en prison, sous bonne garde ; mais inquiet et ne sachant à quel parti se résoudre, il se hâta d'aviser Philippe le Bel. Celui-ci jugea le moment opportun pour intervenir, et usant du moyen qui lui avait si bien réussi à Tours et à Poitiers, il convoqua immédiatement ses Etats généraux.

La lettre originale de convocation adressée en cette circonstance par le roi aux consuls de Périgueux existe encore aux archives de la ville, où nous avons eu la bonne fortune de la découvrir. C'est une pièce en parchemin, de 0m152 de largeur sur 0m180 de haut, et que, dans notre Inventaire, nous avons cotée AA.19 (4).

Dans une étude publiée en 1860, sur les premiers Etats généraux (5), M. Boutaric a donné quelques extraits d'un document analogue conservé aux Archives nationales (6). Les textes que nous avons pu comparer offrent cependant quelques variantes, et le préambule même de la lettre partiellement reproduite par M. Boutaric démontre que celle-ci était plutôt un mandement envoyé aux baillis pour être communiqué ensuite aux maires et échevins de leur circonscriptions.

La lettre des consuls de Périgueux leur est, au contraire, adressée directement par Philippe le Bel. Dans un réquisitoire sentencieux où perce la griffe de Nogaret, le roi énumère, comme à plaisir, les griefs imputés aux Templiers et à leur ordre, si ordo dici possit, cum ordo revera non sit, sed secta dampnabilis et hereticorum collegium. La cause était jugée par avance. Lorsque le roi s'était prononcé avec autant de fermeté, comment un simple particulier aurait-il osé se permettre devant lui la moindre protestation. Comme l'a judicieusement observé M. Boutaric, l'initiation des Etats généraux au gouvernement sous Philippe le Bel n'était qu’illusoire, et s'ils furent convoqués, ce fut uniquement pour donner à la royauté un appui moral.

Cet appui cependant n'en était pas moins réel ; de plus, en homme avisé, Philippe le Bel avait rassemblé à Lyon une armée qui le suivit à Vienne. Au concile, il parut avec tout l'éclat de la puissance royale et vint s'asseoir à côté du pape. Devant une aussi formidable pression, Clément V n’eut-il pas quelque mérite à refuser au roi toutes les satisfactions qu'il réclamait, et s'il prononça l'abolition de l'ordre du Temple qui d'ailleurs ne pouvait plus exister avec honneur, de ne l'avoir fait que par décret provisoire et non par une sentence définitive.

Avec la lettre de convocation, objet principal de cette notice, nous publions le préambule d'une enquête faite à Périgueux, au mois d'avril 1312, pour répartir les frais de députation des consuls de cette ville aux Etats généraux. Le procès-verbal de cette enquête formait un rouleau en parchemin dont il ne reste que la première feuille mesurant 0 m 645 mm de hauteur sur 0 m 270 mm de largeur (7).

Dans les lettres de commission de Guillaume de Vassinhac, commis par le sénéchal Jean de Arreblaye pour procéder à cette répartition, est transcrit le mandement de Philippe le Bel, daté de Lyon, le 10e jour de mars 1311 (vieux style). Les consuls de Périgueux, se rendant à son appel, pro negocio fidei christiane, sont venus le trouver à Tours et à Poitiers et plus récemment à Lyon et à Vienne. Le sénéchal devra leur faire rembourser leurs dépenses par les villes du diocèse qui n'ont pas suivi leur exemple. Au jour indiqué, le lundi après l'octave de la Pentecôte (22 mai) 1312, comparaissent devant Guillaume de Vassinhac les consuls de Sarlat, de Bénévent, du Fleix, de Laliude, de Beaumont, de Molières, de Roquepine, de Montpazier, de Castillonès, de Villefranche, de Bergerac, de Montignac, de Terrasson, de Tourtoirac, de Brantôme, de Saint-Jean de Côte, de Saint-Astier, de Fouleix ? (de Folio), de Mussidan et de Ribérac. Chacune de ces localités avait envoyé un ou deux délégués dont le procès-verbal nous a conservé les noms. Sur le requis des consuls de Périgueux, le lieutenant du sénéchal donne lecture des lettres du roi et invite les comparants à désigner trois ou quatre d'entre eux pour l'aider dans son travail de répartition. D'une commune voix, les députés des villes lui répondent qu'ils n'ont pas coutume de contribuer aux dépenses des habitants de Périgueux. Quelques-uns ajoutent qu'ils sont allés à Tours et à Poitiers, et qu’ils se seraient rendus de même à Lyon et à Vienne s'ils avaient été convoqués ; d'autres disent qu'ils ont accompagné le roi dans ces deux dernières villes ; pourquoi ils ne sauraient être astreints à payer. Guillaume de Vassinhac réplique que son intention n’est aucunement de les contraindre tous à participer aux frais de voyage des consuls de Périgueux, mais ceux-là seuls qui, convoqués par le roi, ne se sont pas rendus à son appel. Le reste manque ; mais quoique incomplet, ce document, par sa date, son objet et les noms de personnes et de lieux qu'il contient, nous a paru digne d'être publié. Il vient se placer d'ailleurs tout naturellement à la suite des lettres royales du 30 décembre 1311.

Notes

(1) Cinq procurations originales des députés du Périgord aux Etats de Tours sont conservées aux Archives nationales (Trésor des Chartes, carton J. 415, numéros 210 à 214) et portent nomination de deux fondés de pouvoir pour la ville de Périgueux, un pour Excideuil, un pour l'abbaye de Tourtoirac, trois pour les consuls et la communauté de Carlux. – Histoire du Périgord, par Léon Dessalles, tome II, p. 98. - au bas des lettres des bourgeois d’Excideuil, en date du mercredi, fête de saint Philippe et saint Jacques, 1er mai 1308, est appendu le sceau de la vicomté de Limoges (Archives nationales. - Inventaire des sceaux, numéro 4972) décrit par M. Philippe de Bosredon dans ses Notes pour servir à la sigillographie du département de la Haute-Vienne. Voir Bulletin de la société archéologique et historique du Limousin, tome 39, 1890, in-8°, p. 325.

(2) Voir Le procès des Templiers, d'après des documents nouveaux, par Ch. V. Langlois, dans la Revue des Deux-Mondes, tome 103, livraison du 15 janvier 1891.

(3) Les interrogatoires qui eurent lieu alors à Paris ont été publiés par M. Michelet dans son livre : Procès des Templiers, Paris, Imprimerie nationale, 1841 - 1851, deux volumes in-4° (Collection des Documents inédit sur l'histoire de France). Bon nombre de noms périgourdins sont mentionnés dans cet ouvrage qui demanderait à être dépouillé au point de vue spécial de l'histoire de notre province. Nous nous bornerons à signaler la déposition de Frère Hélie Reynaud (tome deux, p. 21 et suivantes), aussi le procès-verbal de l'interrogatoire du 2 mai 1310. Dix-sept Templiers du diocèse de Périgueux ayant été amenés dans la chapelle de saint Éloi, devant les commissaires pontificaux, « singulariter et separatim requisti per dictos dominos commissarios si volebant dictum Ordinem (l’ordre du Temple) defendere, responderunt quod sic, tanquam bonum et legalem, licet confessi fuerint aliquos errores coram episcopo Petragoricensi, vi tormentorum et famis, ut dixerunt » (Tome I, p. 230).

(4) la bandelette sur laquelle devait être plaqué le sceau du roi a été arrachée. Au dos de la pièce on lit : « Pierregort. - pour aller contre les hérétis appelés les templiers. » Au-dessous : « cinquante-neuf ». En un autre endroit : « 1311. Lettres du Roy Filipe contre les tampliers hérétiques. - DDD. - numéro 298. » - Inventaire sommaire des Archives de la ville de Périgueux antérieures à 1790, in-4°, pages 4 et 5.

(5) Les premiers Etats généraux, 1302 - 1314, par M. E. Boutaric. Bibliothèque de l'Ecole des Chartes, tome 21, 1860,p. 1-37.

(6) Registre A de la Chambre des comptes de Paris, folio 93.

(7) Inventaire sommaire des Archives de la ville, p. 53-54.

Annexes

4 chartes en latin.

©Templum-aeternum.net pour la traduction.

30 décembre 1311. - Lettres du roi Philippe le Bel convoquant les consuls de Périgueux pour le jugement des Templiers.
(Archives de la ville de Périgueux, Série AA, article 10)

Philippe, par la grâce de Dieu roi de France, à nos chers et fidèles consuls de Périgueux, salut et dilection. Sachez que la perfidie des Templiers qui dure depuis si longtemps, a été révélée par la volonté de Dieu plutôt que par celle des hommes en cette époque terrible, et placée en pleine lumière, autant contre eux que contre leur ordre abject , si on peut employer le mot « ordre » alors qu’il ne s’agit pas d’un ordre respectable mais d’une secte condamnable, d’un collège d’hérétiques de toute évidence indigne, une secte comme il n’en fut jamais, parmi les autres sectes d’hérétiques du même genre, de plus dépravée ni d’aussi dangereuse que celle-là. Sous couleur de religion, ils confessent au dehors le Christ et sa foi et blasphèment sa majesté divine au dedans, niant le Christ, crachant sur lui, proférant d’abominables insultes ; ils souillent ignominieusement le sein de notre mère l’Eglise et soutirent son lait bien qu’issu de l’imposture d’un enfantement illégitime ; ils s’emparent des biens collectés pour eux par les catholiques en faveur de la Terre Sainte, et, feignant de les affecter à ce saint usage, ils les utilisent hypocritement au profit de leur hérésie, trahissant ainsi l’Eglise de Dieu, nous-mêmes et nos enfants. Aujourd’hui, selon le décret du Seigneur, leur turpitude est révélée, et ceci non seulement dans notre royaume mais dans les autres, mise en pleine lumière, si l’on peut parler ici de lumière. S’ils n’avaient pas feint d’être catholiques, ils n’auraient pas pu durer aussi longtemps ni bénéficier ainsi des biens des catholiques et de cette réputation dans le monde dont, dignes suivants de leur maître Satan, ils se prévalaient auprès des grands de ce monde. Aujourd’hui donc le temps est venu d’extirper, au cours de ce concile général, ce funeste surgeon jusqu’à la racine afin que, une fois cette abomination retranchée du sein de l’Eglise de Dieu, l’affaire de la Terre sainte, qui ne pourrait pas véritablement prospérer autrement, puisse être prise en mains fermement par nous et les autres catholiques, avec l’aide de Dieu et de l’Eglise, et amenée à la fin désirée, à savoir l’instauration et l’affermissement de la foi catholique et divine. Pour cette raison et pour d’autres qui tiennent au bien de l’Eglise de Dieu et de notre royaume, laissons là les affaires du monde, si urgentes et importantes soient-elles, et même si elles exigent notre présence, et hâtons-nous de venir à ce concile. Et parce que cette affaire concerne tous les catholiques et spécialement ceux du royaume de France dont on sait qu’il a été dévoué tout particulièrement par la grâce de Dieu à la défense de la foi catholique, nous en appelons à la sincérité de votre attachement au Seigneur et nous vous enjoignons, par la foi qui nous unit, en hommes éprouvés dans la sincérité de la foi catholique, soit d’être présents en personne soit d’envoyer des représentants officiels à Lyon le huitième jour après la Purification de la Vierge Marie, où pour notre part nous avons l’intention de nous rendre, afin d’apporter tout mon appui à cette affaire qui concerne Jésus-Christ, d’en organiser et d’en régler le cours de la meilleure façon possible, pour Dieu et afin que nous soyons toujours dignes de ce nom honorable de « défenseur de la foi » que Dieu a donné à notre royaume.
Donné à Poissy, l’avant-dernier jour de décembre, l’an du Seigneur 1311.

22 mai 1312. - Préliminaires d'une enquête pour répartir sur le Périgord les dépenses faites par les consuls de Périgueux à l'occasion du procès des Templiers.
(Archives de la ville de Périgueux, Série CC, article 3)

Qu’il soit connu que, en vertu et par l’autorité de la commission donnée à moi, Guillume de Vassinhac, commissaire soussigné, par noble homme maître Jean d’Herblay, chevalier au service de notre seigneur le roi de France et son sénéchal pour Périgueux et Cahors, commission dont suit la teneur :
Jean d’Herblay, chevalier au service de notre seigneur le roi de France et son sénéchal pour Périgueux et Cahors, à discret homme maître Guillaume de Vassinhac, homme de loi, salut. Sachez que nous avons reçu du roi une lettre patente dont voici la teneur : Philippe, par la grâce de Dieu roi de France, au sénéchal de Périgueux ou à son adjoint, salut. Nous vous enjoignons de contribuer aux dépenses de ceux que la ville de Périgueux, pour la foi chrétienne et sur notre ordre, a envoyé récemment à Tours et à Poitiers, puis de nouveau à Lyon et à Vienne, dépenses que ces délégués ont dû faire pour leur déplacement aller et retour et pour leur hébergement sur place ; ceci concerne non seulement ceux de ladite ville mais aussi tous ceux, tant de la ville que du diocèse de Périgueux, qui n’y sont pas venus ou n’y ont envoyé personne ; qu’ils soient en toute diligence avertis d’être extrêmement attentifs à ce que cette taxation demeure dans des limites raisonnables et qu’il n’y ait aucune fraude dans les décomptes. Nous ne voulons pas en effet que cette mesure génère quelque précédent ou préjudice pour le recouvrement des autres impôts, tailles et charges habituels.
Fait à Lyon, le 10 mars de l’an du Seigneur 1311.

Par suite, comme nous ne sommes pas en mesure de diriger tous nos efforts en vue de l’accomplissement de l’objet de ladite lettre, étant occupé par ailleurs, nous vous commettons et diligentons auprès de vous pour agir en notre nom, accomplir et mener promptement cette affaire à bonne fin selon les termes et dans les formes de la lettre susdite, en étant très attentifs à la prévention des fraudes ainsi qu’il est demandé dans la lettre ; nous, en effet, [vous] donnons [procuration] devant les représentants présents du seigneur roi et devant nos sujets par ce mandement pour qu’ils vous obéissent efficacement dans l’accomplissement de cette mission.
Donné à Périgueux, le mercredi après la fête de Saint Marc l’Evangéliste, l’an du Seigneur 1312.

Carte du Périgord

Moi, commissaire désigné, pour obéir aux ordres contenus dans la lettre du Roi, j’ai fait citer à comparaître devant moi à Périgueux, le lundi après l’octave de la Pentecôte, les consuls de Sarlat, de Bénévent, de Le Fleix, de Lalinde, de Beaumont, de Molières, de Roquepine, de Monpazier, de Castillonnès et de Villefranche, ainsi que deux hommes de bien de chacun des lieux suivants, Bergerac, Montignac, Terrasson, Tourtoirac, Brantôme, Mussidan, Saint-Jean de Côle, Saint-Astier et Ribérac. Le jour et au lieu susdits, se sont présentés devant moi, dans l’hôtel des consuls de la ville de Périgueux : Gérard André pour Sarlat, Elie de Chalminhac pour Bénévent ; Elie des Barres et Guillaume Audoin pour Le Fleix ; Pierre Bazes et Pierre de Cahors pour Lalinde ; Bernard du Champ et Elie de Molsac pour Beaumont ; Pierre de Merlenxs et Pierre Pomel pour Molières ; Pierre de Moichac et Sanxius de Boilhes pour Roquepine ; Gérard de Berns et Raymond Arnaud pour Monpazier ; Seguin Monier pour Castillonnès ; Raymond des Plantades et Guillaume de la Chaminade pour Villefranche ; Pierre Burban et Pierre Roger pour Bergerac ; G. Pradel et Raymond Sarrasin pour Montignac ; Jean du Puits pour Terrasson; Pierre Lestrade pour Tourtoirac ; Pierre Audoin pour Brantôme ; Pierre Arnaud et Seguin Ribeyrol pour Saint-Jean de Côle ; Elie Salamon pour Saint-Astier ; Jean de la Feuille et Pierre de Vassière pour Mussidan ; Guillaume Filh pour Ribérac. Se sont présentés aussi les consuls de ladite ville de Périgueux, pour eux-mêmes et pour le maire de la ville absent alors de la cité ; là, les consuls eux-mêmes m’ont montré la lettre du roi dont la teneur rejoint celle de la susdite commission et ils m’ont demandé de procéder au recouvrement de la taxe imposée dans le diocèse de Périgueux pour solder les dépenses de ceux dont il est fait mention dans la susdite lettre royale, et de prendre toute mesure pour ce faire. Ils se sont déclarés prêts à présenter le détail des comptes et à confirmer sous serment qu’ils les estimaient véridiques. Sur ce, moi, commissaire susdit, j’ai exposé la teneur de la lettre du roi et de la susdite commission dont les personnes concernées avaient copie, et me suis déclaré prêt à en donner copie à ceux qui ne l’auraient pas ; j’ai demandé aux comparants de choisir parmi eux trois ou quatre personnes pour me seconder dans ma tâche et m’assister dans ledit recouvrement ; ils ont répondu en disant qu’eux-mêmes n’étaient pas tenus de payer quoi que ce soit pour les dépenses dont il était question ni d’y apporter une quelconque contribution, dans la mesure où la coutume n’était pas de contribuer aux dépenses faites par les consuls de la ville de Périgueux, alléguant que certains parmi eux, qui s’étaient rendus à Tours et à Poitiers, n’avaient pas été avertis d’aller à Lyon et à Vienne, ce qu’ils auraient fait volontiers si seulement ils y avaient été invités. Certains en outre ont déclaré que leurs suzerains se trouvaient à Lyon et à Vienne au moment où le roi y était, et qu’en conséquence ils n’étaient pas tenus de payer. Ayant entendu cela, moi, commissaire désigné, leur ai déclaré qu’il n’était pas dans mes intentions d’exiger de ceux qui avaient envoyés des délégués à Tours et à Poitiers une quelconque contribution pour le déplacement des autres en ces lieux, et de même pour ceux dont les suzerains s’étaient déplacés pour cette affaire à Lyon et à Vienne, sur ordre du roi, (la fin manque).